La fête
Les Funambules ont 50 ans ! Cinquante ans d’amitiés, cinquante ans d’aventures théâtrales, ça se fête. Comment ? En jouant bien sûr. Quoi ? Une pièce étonnante, difficile et subtile, passionnante à découvrir et à travailler :
Les Figurants
de José Sanchis Sinisterra. Pour réussir ce pari, nous nous sommes offert un beau cadeau d’anniversaire : deux metteurs en scène professionnels, et non des moindres, Germain Meyer et Philippe Morand. Nous sommes dix-neuf à nous être lancés dans l’aventure et c’est avec un grand bonheur que nous la vivons, que nous y travaillons.
Le 23 janvier 2009, ce sera la première représentation, suivie de cinq autres. La dernière, le 7 février, sera suivie d’une fête, celle de tous les Funambules. Tous ceux qui ont fait partie de la troupe, à un moment ou un autre de ces cinquante années, sont attendus à la salle St-Georges à Delémont pour commémorer cet anniversaire.
Les FIGURANTS de Giorgio Veralli
En 2008, l’artiste de Develier s’est principalement consacré à la réalisation de 120 « Figurants ». Ces visages stylisés, en terre cuite et peinte, uniques et originaux, sont une commande des Funambules et ont fait l’objet d’une magnifique exposition le 14 novembre 2008, au local de répétitions, sis à l’ancienne chapelle du Home la Promenade à Delémont.
Les spectateurs de la pièce « Les Figurants » pourront encore admirer 60 de ces créations et même en acquérir. Elles seront exposées dans le hall d’entrée de la salle de spectacles de Vicques.
Vous pouvez admirer trois de ces œuvres dans cette galerie photo.
« Los Figurantes » (Les Figurants) de José Sanchis Sinisterra
« Qui sont ces êtres anonymes et obscurs que le dramaturge jette sans aménagement dans l’arène de l’action ? Sans même prendre la peine de leur donner un nom, des initiales, ne serait-ce qu’une voix – parfois, si : quelques vers, un numéro d’ordre, tout juste un corps… – il les fait déambuler, comme étourdis, au sein de l’intrigue ; masses opaques, ombres qui vont et viennent près de l’incandescence des autres, les véritables fruits de son imagination : les personnages… Il arrive parfois, cependant, que les comparses se rebellent… et décident soudain d’arrêter la représentation, de revoir la distribution, de mettre la pièce en cause et de se poser la grande question : que faire ? ».
C’est ainsi que José Sanchis Sinisterra présente sa pièce, où le théâtre devient la représentation du monde et de ses conflits. On pourrait s’attendre à une de ces œuvres expérimentales ou militantes pour public convaincu. Los Figurantes est bien plus que cela : ces répliques sont tissées dans un humour de la meilleure veine, antidote contre la solennité et la transcendance, parasites inévitables des grands sujets. Un humour qui est aussi la matière première de la complicité qui s’établit entre un public qui joue son propre rôle et des figurants révoltés qui se sont emparés du théâtre. Plaisir du texte et plaisir du théâtre dans une pièce troublante, qui est un peu un concentré de la vie et du théâtre, du théâtre de la vie de ce dernier quart de siècle tourmenté.
Texte tiré des éditions « Nouvelles Scènes »
Distribution des Figurants
Par ordre d’entrée en scène : | |
Garde n° 1 : | Michel Cattin |
Garde n° 2 : | Jean-Pierre Durieux |
Page : | Julie Philippe |
Convive n° 4 : | Laurence Breuleux-Nagel |
Paysanne n° 2 : | Myriam Rais |
Courtisane n° 5 : | Carla Philippe |
Peuple : | Gérard Jolidon |
Les trois frères Capucins : | Luc Dobler Pierre Philippe Bernadette Veralli |
Prisonnier n° 3 : | Bertrand Venzin |
Conspiratrice n° 9 : | Sandrine Jolidon |
Alguazil : | Jacques Stadelmann |
Une novice : | Hélène Joly |
Dame n° 5 : | Marie-Claire Bourquin |
Dame n° 6 : | Martine Joray |
Postulant n° 1: | Roger Petermann |
Postulant n° 2: | Grégoire Mertenat |
Métallurgiste : | Pierre-François Philippe |
Les metteurs en scène : Germain Meyer et Philippe Morand
Germain Meyer
Germain Meyer Germain Meyer est né à Charmoille et habite actuellement Moutier. Après des études universitaires l’ayant mené à un doctorat obtenu à Paris en 1974 sur le thème d’«Antonin Artaud et le théâtre», il a passé douze ans au Mexique où il a suivi les traces d’Artaud, puis surtout animé, pratiqué, enseigné et publié sur le théâtre en milieu rural.
De retour dans le Jura, Germain Meyer a constitué ou collaboré à diverses associations s’occupant du théâtre ou de la formation théâtrale, dont l’Association jurassienne d’animation culturelle (AJAC). Responsable de la Coordination Théâtre, ses principales mises en scène sont : Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare; Marat-Sade, de Weiss; Le Balcon de Genet; Ubu enchaîné, de Jarry; Le Testament du chien, de Suassuna; Table d’hôte, d’après Walser; Didon et Enée, de Purcell; Le Nez, de Gogol, enfin un spectacle de plein air magique joué dans plusieurs lieux du Jura : Moby Dick, une adaptation inédite du roman d’H. Melville réunissant, dans une expérience unique, une compagnie (La Dérive), un institut de formation aux arts de la rue (Cours de Miracles) et un collectif d’animation théâtrale (La Coordination Théâtre).
Germain Meyer est reconnu dans le Jura pour avoir été le coordinateur des ateliers-théâtre des écoles jurassiennes et l’initiateur de la Maturité Théâtre au Lycée cantonal de Porrentruy, une formation unique en Suisse.
Jeune retraité, Germain Meyer est actif aujourd’hui, entre autres, à la Coordination-Théâtre de l’AJAC, dans la production des Festivals Espace-Stand et Stand’été à Moutier, à Cours de Miracles et au fOrum interjurassien de la culture. Il est un acteur culturel majeur de notre région. En septembre 2006, il lui a été remis le Prix jurassien des Arts, des Lettres et des Sciences.
Philippe Morand
Né à Delémont en 1951, Philippe Morand s’initie au théâtre dans les troupes amateures des Funambules et du Mûrit-Blé à Delémont, puis achève une formation de comédien à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) à Bruxelles en 1973. Il travaille ensuite en qualité de comédien, metteur en scène, adaptateur, auteur, enseignant en Suisse, en France, en Belgique et au Québec.
Comédien, il est engagé pendant cinq ans au Théâtre Populaire Romand de la Chaux-de-Fonds, joue en Suisse, en France et en Belgique. Il a interprété dans ce théâtre et de nombreux autres des textes de Shakespeare, Molière, Flaubert, Claudel, Rilke, Handke, Kroetz, Schwartz, Arden, Probst, Piemme, Dürrenmatt, Witkiewicz, Hacks, etc.
Philipppe Morand a enseigné à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) de Bruxelles, à l’École Nationale de Théâtre du Canada à Montréal, à l’ESAD de Genève, à la SPAD de Lausanne.
Après avoir dirigé le théâtre Le Poche – Genève pendant huit ans où il n’a programmé que des écritures contemporaines, il enseigne à la Manufacture, Haute École de Théâtre de Suisse romande, puis en juillet 2007, il est nommé Directeur de l’Ecole de Théâtre de Martigny. Il dirige également la nouvelle collection de théâtre des éditions Campiche – Société Suisse des Auteurs, Théâtre en camPoche.
En tant que metteur en scène, il a monté notamment Émilie ne sera plus cueillie par l’anémone de Michel Garneau, Maison de poupée d’Ibsen, La seconde Chute de Sylviane Dupuis, La Maladie d’être mouche d’Anne-Lou Steininger, Toujours l’orage d’Enzo Cormann, Les Forts, les faibles de Jean-Marie Piemme, Un Cervolant sur l’avant-bras de Jean Cagnard, Léviathan Coccyx de Jean-Daniel Magnin et d’autres.
En 2007, il a joué dans Play Strindberg de Dürrenmatt produit par le Théâtre Populaire Romand à La Chaux-de-Fonds et le Théâtre de l’Atalante à Paris, ainsi que dans Alice et autres merveilles de Fabrice Melquiotau Théâtre Am Stram Gram à Genève et en tournée.
Auteur de recueils de poèmes (Journal d’écluse, L’aimant, La Fissure) et de pièces de théâtre (Icare/Un rêve, Spirale la nuit, écrite en résidence à La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon), il adapte aussi régulièrement pour le théâtre (Pinocchio de Collodi, La Puissance des mouches de Lydie Salvayre) et écrit des scénarios pour le cinéma (Noël de verre, L’Année du capricorne, etc).
Les mots des metteurs en scène
C’est tout de la faute aux Funambules…
J’avais 14 ans quand dans Un évêché pour une danseuse d’Yvette Joliat, je jouais mon premier rôle avec Les Funambules à Delémont. Le virus était déjà grave. D’autres pièces suivirent, d’autres expériences aussi avec L’Avant-Scène à Bâle, avec le Murît-Blé que je fondai avec Gérard Demierre, avec les passages réguliers et riches du Théâtre Populaire Romand dans la région et dont je fus un des membres de 1974 à 1978. C’était une évidence, la « maladie des planches » ne me lâcherait plus. Depuis quarante ans, je fais du théâtre, j’en vis et j’en rêve encore !
Cette histoire-là est déjà belle, mais la suite est… beaucoup plus étonnante encore.
Après avoir professionnellement joué, mis en scène, dirigé des théâtres, enseigné dans toutes les écoles de la francophonie, dirigé une collection de théâtre, etc… bref continué inlassablement à prospecter le métier d’homme de théâtre, ne voilà-t-il pas que les mêmes Funambules me sollicitent pour mettre en scène le spectacle des 50 ans de leur existence ! Je l’avoue, j’ai été honoré et touché par cette demande.
Mettre en scène avec l’ami et remarquable Germain Meyer Les Figurants, retrouver des décennies plus tard les amis de mes débuts, s’attaquer à un gros morceau du théâtre contemporain, répéter dans une petite chapelle ou dans un grand garage, conduire 19 comédiens amateurs passionnés, rire et exiger, partager et mettre au service mon expérience, tout cela a été un vrai beau grand plaisir. J’espère sincèrement que le public sentira le long chemin qui nous unit et trouvera dans cette aventure de quoi jubiler et fêter dignement un si noble anniversaire.
A toutes et à tous merci. Que ce moment de théâtre soit pour nous l’occasion de redire que si le Jura se dotait d’une vraie salle de spectacle, la fête serait encore plus belle ! Patience donc…
PHILIPPE MORAND
C’est tout de la faute aux Funambules…
…et un peu grâce aux premiers rôles !
Fallait-il rêver d’un Alexandre Dumas qui refusait chaque soir une grande quantité de figurants volontaires pour jouer dans sa pièce, LE CHEVALIER DE MAISON – ROUGE ? Préparés en quelques minutes, il les lançait ensuite sur scène avec de tels « cris de la rue, chansons sanguinaires et hurlements d’émeutiers » que l’on a pu affirmer qu’ils ne furent pas étrangers à l’épreuve du réel qui amena la mise à sac du Palais de Versailles le 24 février 1848 ! Si l’histoire dit vrai, voilà bien les seuls « figurants connus » qui auront réussi à ébranler l’histoire…
Car passer de figurants à premier rôle n’est pas une mince affaire. Il fallait le talent de Sinisterra pour consacrer une pièce entière à ces rôles « si squelettiques ». Née de son propre malaise d’écrivain quant au sort de « ces sous-personnages condamnés à « tenir la lance » sur scène ou à l’écran », il les savait aussi reflets de « ces autres « figurants » de la vie et de l’Histoire condamnés à jouer les comparses dans les grandes pièces, comédies, tragédies et farces qui nouent et dénouent le destin des peuples sur la Scène du Monde ».
Son interrogation, ironique et critique nous a touchés. Très vite, pour celui qui a commencé avec la troupe il a si longtemps comme pour celui qui pour la première fois formait équipe avec elle, Les Figurants allaient tisser le fil tendu aux acrobaties des Funambules. Nous avions reconnu dans ces « sous – personnages » d’authentiques êtres humains, vrais dans leur désir de renverser la coutume, touchants dans leur volontarisme naïf mais aussi maladroits dans leurs propositions de solution et même inquiétants parfois dans leur opportunisme ou leur mauvaise foi. A l’image de nous tous, quoi ! Aussi, lorsque l’un d’entre eux ose poser carrément la grande question après l’élimination des premiers rôles de la pièce
« C’est quoi ce qu’on va faire maintenant ?
Parce qu’on aura beau vouloir changer les choses…
ici, ce sera toujours un théâtre et nous, un troupeau de figurants »
son pessimisme engendre certes des « murmures de protestations » mais guère de propositions concrètes!
Et bien, n’est-ce pas là, dans cette difficulté même, que réside tout l’intérêt de la pièce ? Fissurer le réel et mesurer ces rôles qui nous conditionnent ! Relever le défi et s’offrir une vraie partition de jeu et d’émotion ! Faire jouer l’imaginaire !
Là, entre les coulisses du quotidien, témoigner une fois de plus de ce que le théâtre reste ce miroir étrange et merveilleux qui utilise l’illusion pour nous démasquer et nous permettre d’en rire. Et présager, par la faute de ces Funambules de la vie et la grâce de ces Figurants de la scène, un chemin bien au-delà de ces très jeunes 50 ans!
GERMAIN MEYER
Le mot de Mme Maître, maire de Vicques
Joyeux anniversaire aux Funambules
Les habitants et les autorités de Vicques ont l’immense plaisir de vous recevoir pour célébrer au théâtre votre cinquantième anniversaire, là-même où vous avez fait vos preuves en tant que troupe amateur de théâtre de très grande qualité.
Pour la première fois cependant, ce sont les planches de Vicques que vous foulerez pour notre plus grand bonheur et c’est un honneur pour notre village de pouvoir vous accueillir dans la salle de notre nouveau Centre Communal.
Le théâtre amateur est le moteur de l’activité culturelle de nos régions périphériques. On a peine à mesurer l’incroyable vivier de passionnés de théâtre qui nous entourent et qui ont souvent la grande chance d’être encadrés par des professionnels leur permettant de progresser sans cesse sur les chemins de la création artistique. La mission de nos collectivités locales est de tout mettre en œuvre pour qu’ils puissent s’exprimer dans les meilleures conditions possibles.
J’ai malgré tout le regret de constater le bien faible soutien à la Culture de la part des autorités politiques de notre région et je suis particulièrement fière que ma commune, dans sa modeste mesure, ait misé sur l’avenir en investissant pour une salle polyvalente, particulièrement bien adaptée à la présentation de pièces de théâtre, de concerts ou de spectacles en tout genre.
Votre mérite est remarquable car fêter cinquante ans d’activité théâtrale démontre combien la persévérance, l’engagement et l’excellence de tous les acteurs et responsables ont enraciné les Funambules dans la continuité. Les spectateurs que nous sommes vous disent bravo et merci pour les excellents moments passés en votre compagnie.
Je vous souhaite encore de longues années et de nombreuses créations qui sauront, comme à votre habitude, charmer et éveiller votre public au Théâtre et à ses nobles messages.
Avec mes sincères et chaleureuses félicitations.
Suzanne Maître-Schindelholz, Maire de Vicques
Première représentation du 23 janvier 2009, salutations de la présidente, Carla Philippe.
Très cher public, bonsoir !
Avant tout, je voudrais dire que cette première est dédiée à Nicole Béguelin, membre du comité pour le 50è anniversaire, qui s’en est allée avant d’avoir pu concrétiser avec nous ce projet qui lui tenait particulièrement à cœur.
Et j’appelle maintenant nos metteurs en scène GERMAIN MEYER. PHILIPPE MORAND. Philippe nous a physiquement abandonnés pour une tragédie de Jean Racine dans laquelle il joue à Bruxelles en ce moment (comment résister à un aussi prestigieux auteur…) mais il est de cœur avec nous et il m’a chargée de transmettre à tous un chaleureux salut et ses regrets de ne pouvoir être là ce soir.
Que Germain et Philippe soient tous deux mille fois remerciés pour tout ce qu’ils nous ont transmis. Leur complémentarité fut parfaite et nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec eux et aussi, un très grand bonheur.
Merci aussi à ceux qui ont habillé le spectacle :
JULIE BOEGLI | costumes |
MARTIN GIGON | décors |
JULIEN AUBRY | éclairages |
REGIS DONZE | sonorisation |
FLORENT BRANCUCCI | musique |
Et à GIORGIO VERALLI qui a créé, tout exprès pour ce jubilé, les magnifiques figurants en terre cuite que vous pouvez admirer dans l’entrée et même acquérir si vous le souhaitez.
Nous saluons la présence de Mme la Ministre Elisabeth BAUME SCHNEIDER, cheffe du département de la formation, de la culture et des sports qui nous a fait l’honneur et le grand plaisir d’assister à cette première,
De Mme Suzanne MAÎTRE, maire de Vicques, qui nous a chaleureusement accueillis dans son fief, ainsi que sa commission culturelle avec M. Martin Clerc qui a été (et est toujours) aux petits soins pour nous,
De M. Pierre KOHLER, maire de Delémont, qui nous a aidés et encouragés.
Quant à M. le Ministre Michel Probst, président du Gouvernement, MM Hauser, Voisard, Jacquod et Mme Berbier, de la délégation jurassienne de la Loterie Romande, ils m’ont fait part de leur regret de n’avoir pu être là ce soir, mais m’ont assuré qu’ils viendront à une autre date. Qu’ils soient d’ores et déjà remerciés pour l’intérêt qu’ils portent aux Funambules.
Merci à toutes les fondations, entreprises et particuliers qui nous ont soutenus financièrement et permis de réaliser ce spectacle.
Enfin et surtout, ma reconnaissance va aux membre du comité, qui œuvrent depuis plus d’une année avec bonne humeur, gentillesse et efficacité, ainsi qu’à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la mise sur pied de cette fête. Sans oublier bien sûr les Figurants de ce spectacle qui, je l’espère, auront réussi le pari de vous convaincre et de vous amuser.